Casus Belli - le fan

Casus Belli n°66 : novembre – décembre 1991

C'est là que tout commence.

 

C'était il y a longtemps, en 1991, dans une librairie à côté d'un supermarché nova...

 

Le numéro 66 de Casus fut celui de ma découverte de ce génial et splendide magazine, et celui d’un nouveau pas pour moi dans l’univers du jeu de rôle. Tout avait commencé pour moi par un livre jeu destiné à m'occuper tout seul un jour d'absence de mes parents "le sorcier de la montagne de feu" (en fait, si j'ai bonne mémoire, je crois que ce devait être un jour de présence de mon père qui ne voulait pas être dérangé, mais passons). Immédaitement accro, j'étais passé au stade supérieur avec l’Oeil Noir, puis l’année d’après avec Heroquest, auquel je jouais avec mon copain Jean Christophe (ami que j'ai conservé jusqu'à aujourd'hui et que mon père traite aujourd'hui dans les repas de famille de crapule - et ce n'est pas affectueux). Mais c’est par un beau jour de novembre 1991 que je mis la main, dans les rayonnages du marchand de journaux où ma mère m’emmenait d’habitude acheter Picsou Magazine, un splendide magazine de 100 pages qui m’ouvrirait bientôt les portes des univers imaginaires.

 

Ce vous rappelle un peu le contexte de ce joli concours de circonstance. MB venait de lancer ce noël là Space Crusade, après le beau succès d’Heroquest de noël 1990. J’avais accroché comme un malade à Heroquest et en voulais plus : plus de figurines, parce que je restais un garçon de 10 ans jouant encore aux playmobils (et les casques des astronautes mis à l’envers et les fusils à lunettes des expéditions arctiques pour rejouer la guerre des étoiles, ça va un moment) ; plus de possibilités de jeu, car j’étais avide de batailles et non plus d’explorations de couloirs (ce qui fit qu'après le Space Crusade, je réinventais des règles pour jouer avec dès et règles directement sur la moquette dans un chateau fait de cubes de bois, mais ceci est une autre histoire) ; plus d’imaginaire, car je voulais plus d’images qui faisaient rêver, et d’univers parallèles où je pourrais m’évader loin de ma famille et de ses soucis. Et Space crusade, ça avait de la gueule (voir la vidéo de l'ina. Ok, ça avait de la gueule à l'époque...)

 

Je me souviens donc bien d’avoir trouvé ce drôle de magazine, sans doute pas trop loin des comics, des picsou magazine, super picsou et géant et autres mickey parade et bien sûr des magazines de jeux vidéo (mon voisin Vincent, plus âgé que moi, m’avait fait découvrir génération 4 et terminator 2 sorti en 91, bon sang que c'était bon).

 

C’est la couverture qui me frappa : j’ignorais qui était la créature en couverture, mais les gobelins – pardon, les gretchins – et le space marine effondré sur le sol ne laissaient pas le doute planer longtemps : il s’agissait bien de space crusade dont il était question.

 

[lien image : la couverture de Reynolds]

 

Je crois que l’attachement à ce magazine se fit tout de suite. J’allais voir ma mère que j’imagine bien à l’époque feuilleter Elle et lui demandais si je pouvais prendre ça. Sans doute trouva-t-elle ça cher (le magazine coûtait 30 francs, une petite somme pour l’époque), mais avec une certaine connivence avec la libraire, elle m’acheta le journal.

 

Je rentrais alors à la maison, et je passais le reste de ma journée à dévorer le magazine. Et commença alors une longue histoire où je ne loupais plus jamais, jusqu’à la fin de sa parution dans cette première version, un numéro du bimestriel.

 

 

 

Bon, je vais donc chroniquer ce numéro 66 de cette petite madeleine de Proust. Commençons.

 

Le petit carreau de chocolat de ce numéro est ce sondage "écho 91" que Casus avait fait passé à ses lecteurs, et qui détaille les résultats de l'enquête renvoyée par 2400 lecteurs au magazine (2400 personnes qui ont renvoyé cette enquête au journal, en la remplissant et en la mettant dans une enveloppe avec un petit timbre. Cela me parait énorme, mais peut être n'ai je pas d'ordre de grandeur correct en tête). C'est assez cocasse de commencer la lecture d'un magazine par un article qui décrit ses lecteurs, ne trouvez vous pas ? Cet article me fournit peut être à l'époque une grille de comparaison par rapport à une communauté d'appartenance d'une passion que je vivais ponctuellement avec quelques amis (dont essentiellement JC). Enfin, mes explications néo-marxistes ne sont que de peu d'intérêt comparées aux belles et drôles illustrations de l'article (Didier Guiserix ou Rolland Bartélémy ?) et à l'intérêt de l'article lui même, qui fut je crois réutilisé par un sociologue (Laurent Trémel ou Olivier Caïra ? J'ai un doute) dans l'un de ses ouvrages.

 

Mon deuxième article "coup de coeur" est un scénario du bel encart noir et blanc que Casus a conservé jusqu'à ce jour. Il s'agit d'un scénario pour AD&D (le scénario précise même "ou AD&D 2 !) appelé "le hurlement de l'ours" qui commence... Par une attaque de monstres dans les marais ! On pourrait s'attendre à du très classique, mais il n'en est rien. En une phrase, les personnages des joueurs sont en voyage, dans une région isolée, mais à seulement quelques heures de marche du château d'un ami, ancien aventurier qui s'est installé... Mais l'accueil qui leur est réservé n'est pas celui qu'ils attendaient. Je n'en dis pas plus si l'envie vous prend de le jouer, mais c'est un vrai scénario d'ambiance, bien écrit (bien que présenté de manière très linéaire), avec un vrai background et une intrigue que ne renierait pas Games of Thrones aujourd'hui ! Il est signé Denis Beck.

 

Encore quelques mots sur deux article qui me paraissent encore intéressant aujourd'hui : "profession cyberpunker". En trois pages, cet article de Pierre Lejoyeux et Patrick Leclercq présentait superbement de quoi se mettre rapidement à jouer à Cyberpunk (à l'époque, LE jeu devant Shadowrun pour jouer dans ce futur proche, sombre et sa loi). Tristan Lhomme signait quant à lui un article encyclopédique et là aussi, très utile, sur les véhicules pour l'appel de Cthulhu : "Voitures et conducteurs des Années folles". C'était le genre d'articles toujours utile, de quoi se bâtir une culture générale rapidement et solidement, et de quoi fournir un background historique lors de parties.

 

Rien à voir, mais voici deux petites publicités que j'aime bien et qui porte sur le paintball, qui débarquait un peu en France à l'époque. Sympa non ? Je vous mets également une publicité pour un jeu de rôle informatique qui devait révolutionner le genre : Armaeth, vendu pour la modique somme de 400 Frs. Le jeu était un "biogame" en "vraies 4-D" publié par "les éditions du dolmen", cela ne s'invente pas. Je vous mets la pub sur le principe, si quelqu'un a des infos sur ce jeu, je suis preneur, vraiment.

 

Aussi une sympathique créature tiré d'un donjon minitel que maintenait Casus à l'époque, Rogue : le Brutosaure. Tout un programme.

 

Plein de belles sorties de mois là. Night City, avec sa carte de la ville du futur, faisait envie, comme du reste The Peloponnesian War, un wargame se déroulant dans la Grèce antique (malheureusement, je n'ai jamais réussi à jouer à un wargame car j'ai toujours trouvé ça pénible). Une critique détaillée (dite "épreuve du feu", avec les petits Crapougnas de Didier Guiserix, dont il faudrait un jour que je rédige un catalogue) portait aussi sur Vampire, et présentait simplement son univers et son système de jeu, ainsi que l'aspect ambiance. Quand j'étais au lycée (au bas mot, 6 ans plus tard), Vampire était devenu le jeu des gens un peu romantiques et noirs que l'on appelait pas encore gothiques, et était pratiqué par pas mal de gens. j'ai réussi à ne jamais y jouer. Un grand moment : la critique du jeu Aliens, Adventure Game, par Croc. Une belle critique, pleine d'émotion, où le jeu se fait gentiment démonter. J'ai l'air de me moquer, mais la déception de l'auteur est perceptible. Bloodlust de Croc est également brièvement présenté dans ce numéro, mais j'aurais l'occasion d'y revenir.

 

Il faut aussi que je vous parle, couverture oblige, de cet article sur Space Crusade, écrit par Croc. Curieusement, j'ai toujours trouvé les articles de Casus sur les jeux Games Workshop un peu loupés. Celui là, pourtant tout à fait dans l'esprit Rogue Trader (le jeu qui a précédé Warhammer 40k), absolument synthétique, proposant même un petit scénario bien foutu... ne fait pas exception à cette règle ! Le magazine comporte également un article sur la deuxième édition de Blood Bowl. Là aussi : c'est bien foutu, synthétique, ça parle aussi de la league qu'avait monté Jeux Descartes à l'époque, et qui voyait des équipes s'affronter un peu partout en France... Et là aussi, il manque quelque chose que White Dwarf et Games Workshop arrivaient à faire, créer un univers alléchant... Peut être ces articles ont ils plus une approche joueur et moins "fanboy" comme on dirait aujourd'hui...

 

Pour rire, dans ce numéro, était chroniqué en tête d'affiche le jeu de figurine Firefight. Croc écrivait "ce petit nouveau au rayon des jeux de combat avec figurines pourrait bien faire de l'ombre à Warhammer 40 000 !". En fait, non. Je mets aussi les photos de quelques chouettes figurines, notamment ce canon orque et ce gobelin sur cochon que j'aurais aimé peindre.

 

Ce numéro de Casus incluait aussi 1792 - La patrie en danger, un gros wargame en encart. Comme je vous disais, malgré quelques efforts, je n'ai jamais réussi à faire une seule partie de wargame (la dernière fois que j'ai essayé un jeu de plateau un peu hardcore, c'était Horus Heresy, et j'ai arrêté au bout d'un tour car c'était trop compliqué...). Je le mentionne quand même car autour de ce jeu eu lieu l'année suivante un championnat de France.

 

Enfin, je mentionne au chapitre des pages "inspi" de ce numéro, que Roland C. Wagner chroniquait Hypérion qu'il qualifiait de "demi chef d'oeuvre" (car il était en deux tomes !). L'auteur s'indignait aussi d'un dossier de presse où la maison d'édition Denoël, sortant une nouvelle collection, indiquant vouloir "sortir la SF et le fantastique du ghetto des collections de poche". Aujourd'hui j'aurais envie de rire, mais Wagner lui réagissait ! Et puis, les inspis musique traitaient... Des instruments ! Anne Vétillard encourageait en effet les MJs à se mettre à la musique ! Plusieurs années plus tard, en découvrant les modules Lance Dragon, je vis qu'ils contenaient une partie musicale à faire jouer par les joueurs ! Un conseil : si vos joueurs font un jour ce genre de choses avant d'attaquer une partie : gardez les !

 

Ah oui, et un petit lien vers le sommaire du magazine.



14/04/2011
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